Point d'interrogation Point d'interrogation Voisin 10 Ca2 Heinkel 162
 

  L'équipage

Dieudonné Costes
Dieudonné Costes est né à Septfonds, Tarn-et-Garonne, le 4 novembre 1892. Dès son enfance, attiré particulièrement par les questions touchant la mécanique, il fut, au cours de ses études, un brillant élève de mathématiques. L'automobile, puis l'aviation le passionnèrent et il se jeta sur cette dernière branche avec enthousiasme. Pilote pendant la guerre, affecté a l'armée d'Orient, il part sur un avion de bombardement et devient un "as", obtenant onze citations, la médaille militaire et la légion d'honneur. Après la guerre, il est pilote de ligne, accomplissant le trajet Paris-Londres et Toulouse-Casablanca. Costes est le premier pilote du monde. Ses principaux exploits sont : Paris-Assouan (4 100 km) d'un seul coup d'aile, en compagnie de De Vitrolle ; Paris-Calcutta, en 1926, avec Rignot et, avec ce même navigateur, Paris-Djask, (5 3o6 km). C'est, la même année, le raid de Paris à Nijni-Tajilsk (5 ooo km) ; il effectue, avec le lieutenant de vaisseau Le Brix, le tour du monde (57 000 km) et la traversée de l'Atlantique sud qu'il fut le premier à effectuer en un seul vol, puis il revient de Tokyo à Parisen moins de quatre jours. Et c'est enfin Paris-New-York en trente-sept heures entre le 1er et le 2 septembre 1930.

 
Maurice Bellonte
Maurice Bellonte est né à Méru (Oise) en 1896. Il a déjà vingt ans de pratique professionnelle. Il a navigué plus de six ans tour à tour comme mécanicien, radiotélégraphiste, navigateur sur les lignes transcontinentales Paris-Londres, Paris-Marseilles, Paris-Bruxelles, totalisant depuis 1922 plus de 3 500 heures de vol. Bellonte a su affronter avec les pilotes dont il partageait les risques, les plus grands dangers. Il sortit cinq fois de son appareil en plein vol pour procéder à des réparations urgentes, risquant bravement sa vie. Il tomba en mer avec le pilote Delesle, le 14 novembre 1925, et réussit à sauver celui-ci, grâce à ses appels de radio alertant les bâtiments croisant dans la mer du nord. Il passe brillamment son brevet de navigateur-mécanicien, puis celui de mécanicien de transport public, son brevet élémentaire de navigateur aérien que l'Aéro-Club de France lui décerne le 20 septembre 1923, et enfin son brevet de pilote qu'il passe dès son retour de son raids Paris-Tsitsikar, au cours duquel il devient recordman du monde de distance avec 7 925 kilomètres.

  Le " Point d'Interrogation", un avion conçu pour l'exploit

Deux hypothèses entourent l'origine de son nom :

De plus, il était connu sur les terrains sous le surnom de "Le Rouge".

Le Point d'Interrogation fait partie d'une petite série de 5 appareils construits spécialement pour les raids à grandes distances, dérivé du Breguet XIX. Il a été modifié spécialement pour un seul objectif: la traversée de l'Atlantique.

Ainsi l'entreplan et l'envergure ont été augmentés par l'ajout d'une "cabane", les monomats ont été remplacés par 2 mats indépendants croisillonnés par des haubans; les postes d'équipage aménagés spécialement bénéficient des instruments les plus modernes notament un horizon artificiel...

Le vendredi 13 juillet 1929, c'est le grand jour. Ils décollent à 5 h 20 pour la traversée mais la tentative échoue. De mauvaises conditions météo les obligent à faire demi-tour au-dessus des Açores. Cependant, cet échec fut riche en enseignements.

La puissance moteur fut augmentée de 50 cv la portant à 650cv.

Le 27 septembre à 8 h 20, ils décollent cette fois vers l'est pour battre le record du monde de distance. Le 29, ils se posent en Manchourie après plus de 8000 km sans escale.

Le record est battu. Cette victoire ne fait que les motiver d'avantage pour la traversée Paris / New-York qu'ils rêvent toujours d'effectuer.

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  La 1ère traversée Est-Ouest de l'Atlantique

Lundi 1er septembre 1930, le Point d'Interrogation s'envole enfin du Bourget après de longs mois de préparations minutieuses.

Costes prévoyait un départ à l'aube, la météo annonçant une situation atmosphérique exceptionnelle au-dessus de l'océan. Mais, au-dessus de la région parisienne, la visibilité était très mauvaise. Ils attendirent patiemment jusqu'à 10 heures les résultats favorables des derniers sondages faits par leur ami Codos. Le Point d'Interrogation fut alors sorti de son hangar, amené face au vent sur la ligne de départ et les deux aviateurs montèrent dans l'appareil.

A 10 h 54 exactement, Costes donne le signal du départ et le Point d'Interrogation s'élève doucement dans un ciel rasséréné et s'éloigne vers Ecouen qu'il survole à 200 mètres de hauteur. Poursuivant sa route en direction de la côte anglaise, le Point d'Interrogation survolait Les Andelys à 11 h 27 à la hauteur de 1 100 mètres. Les deux hommes ne peuvent communiquer entre eux qu'au moyen de messages écrits sur des morceaux de papier.

A 11 h 48, Bellonte lançait son premier message radio. L'appareil était alors entre le cap d'Antifer et la pointe de Barfleur et volait à la vitesse de 210 km/h. Ayant quitté le sol français au Crôtoy, il survola le canal Saint Georges à 14 h 45 et atteignit à 16 heures l'océan à une hauteur de 400 à 500 mètres par 52° de latitude nord / 12°20 de longitude ouest.

Entre 19 et 22 heures, l'avion dut, en raison de problèmes météo, se détourner de sa route et faire un crochet vers le nord; puis de 22 heures à 4 h 35 du matin,nouveau crochet, cette fois vers le sud ce qui le ramenait sur une ligne plus directe.

A 11 h 25, soit 24 heures après son départ, la station de Saint Pierre l'entendait. Vers la fin de l'après midi, il était signalé au large de Boston où il abordait une zone d'orages violents.

Enfin il atterrissait sur le Curtissfield à 0 h 11 ayant le premier franchi l'Atlantique nord d'est en ouest, contre les vents dominants en 37 heures et à la vitesse moyenne de 167 km/h.

A peine sortis de l'appareil, ils sont portés en triomphe par la foule jusqu'au hangar où les attendent toutes les personnalités françaises alors présentes à New-York: le navigateur Alain Gerbault, le joueur de tennis Jean Borotra... Tout à coup, Costes et Bellonte remarquent une grande silhouette filiforme qui leur sourit depuis un coin du hangar ; c'est Charles Lindbergh, venu les féliciter en personne. A cet instant, ils comprennent qu'ils sont eux aussi entrés dans la légende.

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